Face à Kei Nishikori, Richard Gasquet a une histoire à écrire : la sienne

Richard Gasquet a vécu de grandes heures sur le circuit. Mais il lui manque encore sa grande heure à Roland-Garros. Depuis 2011, le Français est inexorablement bloqué en huitième de finale des Internationaux de France, faute de battre des joueurs du Top 10 mondial.

Quatre fois sur les cinq dernières années, il a atteint ce stade de la compétition. Quatre fois, il s’est résigné à quitter le tournoi avant les quarts de finale. Là où Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils ont déjà fait leur trou pour même atteindre le dernier carré. Lui n’a pas encore eu droit à cette ivresse. En affrontant Kei Nishikori, il aura une nouvelle occasion d’y parvenir. Même si l’obstacle sera de taille.

Novak Djokovic, par deux fois, Andy Murray et Stan Wawrinka. Voici les trois joueurs qui ont mis fin au parcours du Français à Roland-Garros ces cinq années en huitièmes de finale. Seul Fernando Verdasco a eu sa peau au troisième tour en 2014. Rien d’infamant. Mais à bien chercher, quelques regrets quand même se cachent derrière sa défaite face à Murray en 2012, où il s’est incliné en quatre sets après avoir empoché le premier 6-1.

Et surtout face à Wawrinka en 2013, à l’époque où le Suisse bloquait lui aussi au stade des huitièmes à Paris. Sur le court Suzanne-Lenglen, le Biterrois a mené deux sets à zéro, puis s’est incliné en cinq manches, 8-6 dans la dernière après 4h15 d’un combat épique.

De quoi avoir les nerfs ? C’est mal connaître Gasquet. Il est le genre de joueur à accepter la défaite tant qu’elle est belle. Et celle-ci avait été magnifique. Après tant d’échecs, pas de quoi être résigné non plus. Cette année, Gasquet a signé trois premiers tours très propres avec des victoires en trois sets, la dernière face à Nick Kyrgios. Et le voici en second semaine sans avoir perdu un set, ce qui ne lui est arrivé qu’une seule fois, en 2013 juste avant son combat épique face à Wawrinka.

"Je ne peux pas dire si cette année sera la bonne, tempère tout de même Gasquet. Je suis à 100 % de mes moyens. Je n'ai pas de blessure. Je suis prêt à faire un gros match. Contre Nishikori, je serai frais. C'était la même chose contre Wawrinka à l'époque. Ce sont les meilleurs joueurs qui arrivent. Il faut faire des matches énormes pour les battre."

Cela annonce-t-il un nouveau match de gala sur le central pour le Français ? C’est tout ce qu’il espère. Avec une autre issue. Mais face à lui, s’avance Kei Nishikori, l’outsider en puissance dans ce tournoi où les hommes forts tombent comme des mouches. Le Japonais, solide sixième mondial, s’est récemment mesuré deux fois à Gasquet sur terre battue, en huitièmes de finale des Masters 1000 de Madrid et Rome... avec deux succès en deux sets à la clé. Les deux premiers après six défaites de suite face au Français sur surface rapide. Le retrouver à nouveau à Paris n’est pas forcément une bonne nouvelle sur le papier.

Mais à choisir avec un membre du Top 5, ce n’est finalement pas si une mauvaise chose. "J'ai perdu contre lui deux fois, à Madrid et à Rome, mais je l’ai aussi battu ailleurs. Je sais à quoi m'attendre. Il va falloir jouer très vite parce qu'il met beaucoup de rythme, surtout sur son revers. On connaît tous son jeu, c'est un des plus grands joueurs actuels. Il est capable de gagner un tournoi du Grand Chelem. C’est un outsider à Paris." En somme, c’est le moment parfait pour frapper un grand coup dans cette compétition, une fois pour toute. Et écrire enfin sa page d'histoire à Paris, maintenant qu'il est le dernier Tricolore en lice.