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Zika, cloaque, dopage, insécurité et plomberie : les défis de Rio à une semaine des J.O.

Laurent Vergne

Mis à jour 28/07/2016 à 21:29 GMT+2

RIO 2016 – Dans sept jours se tiendra la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Une petite semaine et la cité carioca doit encore faire face à une somme de problèmes en tous genres, comme autant de menaces plus ou moins graves. Tour d'horizon.

La sécurité, enjeu majeur des Jeux de Rio

Crédit: AFP

Le virus Zika

En début d'année, l'importance de l'épidémie qui a touché le Brésil a semé un vent de panique. Il a eu des effets collatéraux, beaucoup de sportifs, principalement des golfeurs et des joueurs de tennis, ayant décidé de renoncer au rendez-vous olympique à cause de Zika. Les autorités brésiliennes ont pourtant tout fait pour tenter de rassurer et l'OMS a jugé qu'il n'était pas nécessaire de reporter l'évènement, estimant "faible" le risque de contamination. Le risque est surtout important pour les femmes enceintes, même s'il n'est pas négligeable pour les autres types de personnes. Athlètes, journalistes et touristes ont reçu des conseils de préventions et à Rio, on se montre plutôt confiant sur le fait que Zika n'impactera pas les Jeux. Sidney Levy, le patron du Comité d'organisation, a même assuré que Zika ne figurait pas parmi ses "10 plus grandes sources d'inquiétude".
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Rio lutte contre Zika

Crédit: AFP

La crainte du terrorisme

Si le continent sud-américain semble loin des cibles actuelles de DAECH, la colossale caisse de résonnance olympique pourrait constituer une forme de tentation pour l'Etat islamique. Et les 16000 kilomètres de frontières avec 10 pays différents compliquent la gestion du problème. La menace terroriste a d'ailleurs pris un tour concret la semaine dernière, quand la police brésilienne a arrêté une douzaine d'hommes soupçonnés de planifier des attentats lors des J.O. Certains d'entre eux avaient fait allégeance à l'organisation Etat islamique. "Si vous me demandez si nous sommes invulnérables, non, nous ne le sommes pas. Personne n'est invulnérable", a rappelé Raul Jungmann, le Ministre de la défense. 85000 militaires et policiers, soit deux fois plus qu'à Londres, vont être déployés pendant la quinzaine olympique pour tenter de sécuriser la cité carioca.

La gangrène de l'insécurité

Au-delà du terrorisme, Rio lutte aussi pour contrer la criminalité quotidienne. Ce fut, déjà, un motif d'inquiétude en 2014 au moment de la Coupe du monde de football. Mais depuis 24 mois, la situation s'est encore dégradée sur le front de l'insécurité au Brésil, et particulièrement à Rio. Le nombre des homicides a bondi de 14,5% au premier semestre 2016 avec plus de 2300 meurtres sur les six premiers mois de l'année. Avec 500000 visiteurs attendus pendant un peu plus de deux semaines, l'enjeu est de taille.
Andrei Rodrigues, le responsable de la sécurité des grands évènements au Brésil, s'est toujours voulu rassurant. "Le Brésil sera prêt", disait-il en janvier. Les mois suivants ne lui ont pas forcément donné raison et les policiers, particulièrement ciblés par les gangs et les narcotrafiquants, sont à bout de forces et de nerfs, d'autant que la quasi-faillite de l'Etat de Rio les a privés des moyens promis. Le 5 juillet, à un mois pile de la cérémonie d'ouverture, Andrei Rodrigues, encore lui, se disait à nouveau "absolument serein". Tragique coïncidence, le même jour, sur la plage de Copabacana, tout près du stade où auront lieu les épreuves de beach-volley, on découvrait des morceaux d'un cadavre. Malgré les paroles rassurantes, il s'agit clairement du principal défi qui attend les autorités brésiliennes.

Les ratés du Village olympique

Problèmes de plomberie, du système électrique… Le Village olympique a encore des soucis à régler dans la dernière ligne droite. L'inauguration officielle de la cité des athlètes a d'ailleurs tourné au fiasco: la moitié des 31 immeubles présentaient des problèmes de plomberie. Dimanche dernier, la délégation australienne avait déserté les lieux et filé à l'hôtel, estimant l'endroit "inhabitable". Néo-Zélandais et Argentins (deux des cinq étages réservés aux Argentins étaient inhabitables) ont également déploré l'état des installations, alors que le rez-de-chaussée du bâtiment du… Brésil a été inondé.
"Les Jeux arrivent, les plaintes aussi", avait balayé d'un revers de main le maire de Rio, proposant même aux Australiens d'installer "un kangourou" pour qu'ils se sentent mieux. "Nous avons besoin d'un plombier, pas d'un kangourou", avait sèchement rétorqué le chef de la délégation aussie. Cette passe d'armes s'est bien terminée (le maire a même donné les clés de la ville aux Australiens, un honneur symbolique) et elle semble surtout avoir servi d'électrochoc. Depuis quatre jours, 630 ouvriers s'activent jour et nuit pour réparer les fuites d'eau et fils électriques apparents.
Sauf que leurs conditions de travail font maintenant polémique, le journal Extra rapportant des "journées allant jusqu'à 23 heures" selon les inspecteurs du travail dépêchés sur place. Mario Andrada, le directeur de la communication du comité d'organisation, a néanmoins promis un village "impeccable" d'ici la fin de la semaine. Les délégations, qui vont affluer d'ici ce week-end, les attendent de pied ferme sur ce point.
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Le Village olympique de Rio

Crédit: AFP

L'ombre du dopage

Le "Russian Gate", outre ses multiples rebondissements, a d'ores et déjà une conséquence directe sur les Jeux de Rio : à une semaine de l'ouverture, le dopage est LA principale source de discussion. En refusant de se mouiller dans l'affaire russe, en refilant la patate chaude aux fédérations, le CIO a fragilisé l'Agence mondiale antidopage et brouillé son image. Le patron du Comité international olympique, Thomas Bach, fait ainsi l'objet de vives critiques depuis le week-end dernier, à l'image de ce commentaire de Bernard Amsalem, le président de la fédération française d'athlétisme, largement partagée : "Le CIO fait preuve de faiblesse, j'en ai honte. C'est un jour de deuil."
Dans cette histoire, c'est "perdant-perdant", sur le fond comme sur la forme. Le CIO donne le sentiment, à juste titre, d'avoir manqué de fermeté face aux Russes, mais ceux-ci ont beau jeu de dénoncer les critères parfois iniques retenus pour les priver des Jeux de Rio : des critères qui ne s'appliquent qu'à eux. Un sportif russe contrôlé positif il y a dix ans et suspendu six mois n'a pas le droit d'être à Rio. Mais un Justin Gatlin, récidiviste ayant purgé au total 5 années de suspension, peut potentiellement repartir avec trois titres du Brésil. Au final, le CIO passe pour être à la fois laxiste et hypocrite. Nul doute que ce sujet planera sur les Jeux de Rio.

Le cloaque de Guanabara

Lors de l'obtention des jeux, en 2009, les Brésiliens le savaient : la dépollution de la baie constituerait un énorme défi. Visiblement, il n'a pas été relevé. La baie de Guanabra, où doivent se tenir les épreuves de voile, est un paradis pour... déchets. Un cloaque. Un médecin carioca, Daniel Becker, a fait sensation en début de semaine, en affirmant dans les colonnes du New York Times que les "athlètes vont littéralement nager dans de la merde humaine". Nous sommes loin de l'image idyllique de la vue depuis le Corcovado de la si fameuse silhouette de la ville de Rio.
Certains athlètes étaient tombés malades en août 2015 lors des épreuves tests et la situation ne s'est pas fondamentalement améliorée depuis. Et si le temps tourne à la pluie, les choses pourraient même devenir catastrophiques. L'installation de barrières flottantes provisoires permettra de stopper "80 à 85% des déchets", selon le gouvernement de l'Etat de Rio, qui promet des eaux "convenables" pour les Jeux. Reste à voir ce que l'on met derrière ce terme.
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L'assasinissement de la baie de Rio, un combat perdu d'avance ?

Crédit: AFP

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