Le Borussia Dortmund pourrait aligner deux équipes mais cherche encore la première

Mal parti en championnat avec trois défaites en six journées, le Borussia Dortmund, principal rival désigné du Bayern Munich, a déjà laissé derrière lui quelques illusions. Plus intrigante, peut-être, la politique du club se révèle parfois difficile à suivre malgré des ambitions économiques toujours à la hausse.

Le club de la Ruhr toussote en ce début d’exercice. Comme une expectoration récurrente issue d’une bronchite mal soignée. La défaite, ce week-end, dans le Revierderby (1-2) contre Schalke 04 n’a pas arrangé les choses. Médiatiquement en tout cas. Et les dommages sont visibles puisque le Verein de Gelsenkirchen est repassé devant le BVB au classement et surtout s’est relancé, alimentant les débats de la presse locale et nationale.

Il y a d’un côté le résultat brut : 2 victoires, 1 nul et trois revers en Bundesliga. Le bilan depuis la reprise aoutienne ne peut être satisfaisant si l’on regarde, seulement, le classement : une bien piètre douzième place. Et puis il y a le côté face, celui de la production du jeu, de l’animation : les Borussen ont-ils été inférieurs aux Knappen dans l’antre du Veltins Arena ? Même question quelques jours plus tôt, cette fois-ci à l’Iduna Park, contre le VfB Stuttgart (2-2) ? Sans oublier de répondre au 2-0 encaissé contre Mainz 05 à la Coface Arena ? La semaine anglaise qui vient de s’écouler a vu l’équipe du coach emblématique allemand ne mettre dans sa besace qu’un seul petit "Punkt". Mais, pour ceux qui ont vu les oppositions, à quel moment le Borussia Dortmund a-t-il été inférieur à ses adversaires ? Combien d’occasions les professionnels sur le terrain ont-ils vendangé ?

Peut-on alors affirmer que le BVB perd ses matches plutôt que d’écrire que ce sont ses adversaires qui les gagnent ? Oui ! Cela semble une évidence même s’il faut rendre à César ce qui est à César : la victoire (2-0) du Bayer Leverkusen en terre hostile pour l’ouverture du championnat ne doit rien à personne. Roger Schmidt, l’entraîneur du Werksclub, a réussi sa première avec le but le plus rapide de l’histoire du ballon rond en Bundesliga (Bellarabi) et a mouché Klopp. Une réussite qui le fuira lors de la Ligue des champions contre l’AS Monaco au passage, notamment en première période. À l’opposé, le Borussia Dortmund va se réveiller -et de quelle façon !- dans cette même coupe aux grandes oreilles contre un Arsène Wenger et un Arsenal en complète déconfiture. 2-0 score final…score minimal. Janus a deux faciès, les Schwarz-Gelben aussi…du moins à l’heure actuelle.

La défense est à la rue. C’est une certitude. Les efforts de replacement ne sont pas présents, le marquage est lâche, comme si les Bubis de Klopp en avaient assez, saison après saison, de devoir prouver nationalement qu’ils ne méritent que l’Europe. Contre Stuttgart, ils ont réagi pour revenir à la marque. Hop un petit coup d’accélérateur et la machine est repartie de plus belle. Rebelote ce samedi contre l’ennemi de Schalke 04 ? Non ! La troupe de Jens Keller a tenu jusqu’au bout.

On comprend alors la petite phrase du directeur sportif Michael Zorc : "Nous avons actuellement d’autres soucis à régler que de parler du titre". En Bundesliga, Dortmund est encore au-dessus des autres, FC Bayern excepté. Mais la marge de manœuvre est étroite surtout si le club de la Ruhr donne le bâton pour se faire battre. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

Cette phrase date d’avant le début de la saison à venir. Jürgen Klopp répondait ainsi à l’analyse de son effectif : 55 millions d’euros de déboursés lors du mercato estival et, qui plus est, quasiment sans recettes avec moins de 3 millions d’euros collectés (le transfert de Schieber au Hertha Berlin). Le Borussia Dortmund a les moyens, on le sait. La trésorerie, elle, vient tout de même d’en prendre un sacré coup.

Mais qui peut aujourd’hui affirmer quelle sera l’équipe-type dans quelques semaines ? Tous les postes ont été doublés ou bien triplés. Jamais dans son histoire le groupe du BVB n’a été aussi large. A croire que les blessures de l’année dernière, lesquelles ont donné lieu à du bricolage toute l’année, ne sont que de mauvais souvenirs. On souhaite que la phrase du coach datant de l’exercice passé -"la saison fut difficile dès le premier jour" - ne trouve pas une nouvelle résonnance cette année.

En défense centrale, nous avons le choix entre Hummels, Ginter, Subotic et Sokratis. Les latéraux, comme l’année dernière, sont à gauche Durm et Schmelzer, qui vont continuer leur duel pour conquérir la place de titulaire en Nationalmannschaft et, côté tribord, Piszczek ou le polyvalent Grosskreutz. Quatre Weltmeister dans cette liste de huit noms et tous des internationaux par exemple !

Il n’y a que deux places pour la récupération et, pour le moment, vous avez le choix entre Bender, Kehl ou Jojic. Tout en rappelant que Gündogan et Sahin sont encore out !

A la création ou sur les ailes, je vous propose Grosskreutz, le revenant Kagawa et le très en forme Aubameyang. Vous n’aimez pas ? Je m’excuse, je ne peux pas faire mieux car Reus, Mkhitaryan et "Kuba" sont encore à l’infirmerie. Quant à la pointe vous aurez le choix entre Immobile et Ramos. Pour finir, les blessés devraient tous faire leur retour en octobre, ou bien début novembre au grand maximum.

Battons aussi en brèche une idée toute faite ! Celle que les champions d’Allemagne 2011 et 2012 sont incapables de conserver leurs progénitures. Avec les retours de Sahin en janvier 2013 puis de Kagawa cet été, nous avons presque l’équipe-type de l’époque ! Seuls Götze et Lewandowski manquent à l’appel. Il faudrait aussi ajouter Barrios, Santana et Perisic. Mais ces trois joueurs n’étaient pas toujours titulaires pour des raisons différentes (blessures ou remplaçants). Autre rappel : dix des acteurs qui ont commencé la finale perdue contre le FC Bayern en Ligue des champions 2013 sont encore dans l’effectif.

Le véritable problème est le suivant : le Borussia Dortmund n’a plus de temps pour les expérimentations. Or construire un groupe performant sur la durée en nécessite. Immobile, malgré son très beau but contre Arsenal, n’est pas encore le Torjäger que l’on attend et il doit digérer le système de jeu de Klopp. A cela, il faut ajouter des membres qui reviennent de blessures plus ou moins longues, donc pas encore à 100%, mais aussi des champions du monde allemands ou des joueurs engagés au Brésil et qui sont encore en rodage et recherchent la forme optimale.

Le club de la Ruhr veut se servir de la rencontre de mardi soir contre Anderlecht comme d’un tremplin. On leur souhaite de tout cœur mais je sens plutôt qu’un grand Dortmund sera opérationnel au début de l’année 2015. C'est bien pour l'Europe, c’est dommage pour la Bundesliga ; Munich est déjà à sept points.