OL - L'éclosion de Fekir, l'explosion de Lacazette, Aulas recadré : Fournier a su imposer sa méthode

"Cela n'a pas beaucoup changé par rapport à Rémi Garde". Les mots sont signés Nabil Fekir et résument le sentiment général : Hubert Fournier marche dans les pas de son prédécesseur. Au point de surfer sur le travail de celui-ci ? Rémi Garde conteste ce qui ressemble à première vue à une évidence : "Je ne veux pas plus que cela revendiquer cet héritage, ce serait très désobligeant par rapport au travail fourni aujourd'hui par Hubert Fournier, pour lequel j'ai beaucoup de respect." D'autant que l'ancien Rémois, qui était sorti major de sa promotion au DEPF, peut se vanter d'avoir su imposer sa patte à l'Olympique Lyonnais.

Quand on possède un tel talent, cela ressemble à une évidence de le faire jouer. Cela ne l'était pas pour Rémi Garde la saison passée. Et beaucoup de spécialistes misaient au moins autant en début d'exercice sur Benzia ou Bahlouli que sur Fekir quand il était l'heure de pronostiquer quelle serait la révélation lyonnaise de la saison. Pourtant, dès la première journée du championnat, Hubert Fournier l'a installé comme titulaire. "C'est l'entraîneur qui a impulsé mon explosion, il est celui qui m'a fait le plus confiance", synthétise le Franco-Algérien que le coach lyonnais avait pourtant repris de volée début mars : "Qu'il fasse parler son talent sur le terrain, pas dans les médias".

C'est vrai, avec les départs de Bafétimbi Gomis et Jimmy Briand l'été dernier, il y était obligé. Mais Fournier a su habilement surfer sur la montée en puissance de son buteur. D'abord en l'encensant tout en lui rabâchant que seule la régularité ferait de lui un incontestable international. Puis en lui confiant pour la première fois le brassard de capitaine en l'absence de Maxime Gonalons.

A Lyon, peu importe les entraîneurs, le boss tout-puissant, c'est Jean-Michel Aulas. Ce qui explique notamment que les techniciens ne restent jamais plus de trois ans en poste entre Rhône et Saône. En revanche, rares sont les entraîneurs de l'OL à avoir manifesté publiquement leur courroux contre JMA. Ce qu'Hubert Fournier n'a pas hésité à faire début mars après que son président ait retweeté le message d'une supportrice qui ne comprenait pas la non-titularisation de Yoann Gourcuff à Lille : "Jusqu'à nouvel ordre, c'est moi qui vais décider jusqu'à la fin de la saison. Nous ferons alors le point sur notre collaboration." Une sortie que n'a pas appréciée – c'est un euphémisme – Jean-Michel Aulas mais qui a contribué à affirmer l'autorité de l'entraîneur de l'OL.

Si l'entraîneur lyonnais a nié la rumeur selon laquelle il pourrait ne plus convoquer Yoann Gourcuff d'ici la fin du championnat, il a déjà plusieurs fois manifesté sa contrariété contre les délais de guérison de son meneur de jeu. Arrivé avec un "a priori positif" au sujet de l'ancien Bordelais, Fournier a rapidement déchanté, balançant dès la fin août : "Je n'ai pas de délai alors que nous aurions besoin de lui." Un agacement qui atteindra son paroxysme en mars lors de la sortie de Gourcuff en plein match devant Nice : "J'espère qu'il est blessé!".

Plus personne ne s'étonne aujourd'hui de voir Jordan Ferri et Corentin Tolisso enchaîner les matchs mais la concurrence entre ces deux jeunes milieux, Steed Malbranque et Arnold Mvuemba existaient en début de saison. De retour à l'entraînement depuis plusieurs semaines, Gueïda Fofana s'estime "prêt" et attend impatiemment un retour en Ligue 1 que l'entraîneur refuse de lui accorder. The last but not the least, installer N'Jie en attaque : "On n'est pas nombreux à croire en lui". Grâce à Fournier, ils le sont aujourd'hui de plus en plus.

L'été dernier, lors du stage de préparation à Tignes, le nouvel entraîneur de l'OL expliquait vouloir faire "comme l'Atlético Madrid et Liverpool" qui, la saison précédente, avait terminé champion d'Espagne et vice-champion d'Angleterre malgré des moyens bien conséquents que les favoris. Dix mois plus tard, à cinq journées de la fin, l'Olympique Lyonnais est au coude à coude avec le Paris Saint-Germain dans la course au titre. A part Fournier, personne n'osait l'imaginer publiquement en début de saison.