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Le paradoxe de l'Euro 2016 ? Un format élargi, mais un niveau plus homogène que jamais

Laurent Vergne

Mis à jour 24/06/2016 à 20:36 GMT+2

EURO 2016 – En passant de 16 à 24 équipes, la phase finale du Championnat d'Europe risquait, pensait-on, d'offrir un premier tour avec un niveau très disparate entre les grosses nations et les "petites" équipes. Il n'en a rien été. Au contraire. Cet Euro élargi restera paradoxalement celui du resserrement des valeurs.

Hongrie-Portugal, symbole d'un premier tour où les "petits" ont joué à hauteur des "grands"

Crédit: Panoramic

C'était la grande théorie de cet Euro 2016, le premier de l'histoire à proposer une phase finale aussi élargie. 24 équipes, dont beaucoup de "petits", de revenants pas vus dans une grande compétition depuis l'époque du noir et blanc ou même jamais entraperçus pour les plus novices d'entre eux. Résultat, après deux semaines de compétition, jamais le Championnat d'Europe n'est apparu aussi homogène. C'est un joli contrepied pour tous les observateurs qui, avant même le coup d'envoi du tournoi, pestaient contre le manque d'intérêt annoncé d'un premier tour en mode "formalité" pour les gros, et "boucherie" pour les petits. Quels gros ? Quels petits ?
Irlande du Nord. Islande. Pays de Galles. Slovaquie. Hongrie. Les quatre premiers disputent leur tout premier Euro. Le dernier n'y avait plus mis les pieds depuis 1972. Tous seront au rendez-vous des huitièmes de finale. Hongrois et Gallois ont même terminé en tête de leur groupe, devant le Portugal et l'Angleterre, deux outsiders de la compétition. Même l'Albanie, qui n'a pas passé le "cut" de cette première phase, n'a pas démérité, s'offrant une victoire face à la Roumanie et concédant deux courtes défaites contre la Suisse et la France. Finalement, les principaux ratés de ce début de tournoi sont à mettre au passif de vrais habitués des phases finales, comme la Russie, la République tchèque, la Suède ou encore la Turquie.
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Galles et Russie, destins croisés

Crédit: Panoramic

Parce que les gros ne sont pas aussi souverains qu'attendu, et surtout parce que les nouveaux venus ou revenants sont bien plus solides que prévu, ce passage à 24 a donc débouché contre toute attente sur une grande homogénéité des forces en présence. La preuve, en trois actes :
1. Pour la première fois depuis 1996, aucune équipe n'a bouclé son premier tour avec trois victoires. Depuis 20 ans, Euro et Coupe du monde confondus, les neuf dernières compétitions majeures avaient toujours vu au moins une nation réussir le trois sur trois lors de la phase de poules.
2. La faiblesse des écarts. Sur les 36 matches de ce premier tour, seuls huit, soit 22%, ont été décidés par plus d'un but d'écart. Et seulement 3 sur 36 par plus de deux buts (8%). Ce sont peu ou prou les mêmes statistiques que lors du précédent Euro (21% et 8%), qui ne comptait pourtant que 16 équipes, donc un plateau supposé plus homogène. Et en 2008, les différences au premier tour s'étaient avérées beaucoup plus significatives : 46% de rencontres s'étaient soldées par un écart de deux buts ou plus au premier tour.
3. Les matches se sont joués au finish. Autre signe de l'étroitesse des écarts entre les équipes, le fait que beaucoup de rencontres n'aient trouvé leur dénouement que sur le fil. 13 des 36 matches se sont ainsi décidés après la 80e minute. C'est deux fois plus que la moyenne du premier tour des dernières grandes compétitions.
La grande critique faite en amont de cet Euro 2016 s'est donc fracassée sur la réalité du terrain, bien différente de celle escomptée. Et c'est un phénomène déjà observée lors de la dernière Coupe du monde, où des équipes comme le Costa Rica, l'Algérie ou l'Iran, absents de longue date, avaient crânement joué leur chance. Et les plus gros cartons du premier tour avaient concerné des duels... européens, comme le Pays-Bas – Espagne ou le France-Suisse.
Ce Mondial brésilien, globalement, avait ainsi consacré la révolte de petits devenus beaucoup plus solides physiquement et disciplinés tactiquement. Deux carences jadis rédhibitoires et à l'origine des grosses différences de niveau au premier tour. Le temps, pourtant pas si lointain, des 8-0 et des 7-0 au premier tour (Allemagne - Arabie Saoudite 2002, Portugal-Corée du Nord 2010) semblait avoir vécu. 2014 fut, déjà, le triomphe d'une certaine homogénéisation du niveau. En ce sens, l'Euro 2016, même avec son format XXL, est le cohérent petit frère du tournoi brésilien.
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