L'antisèche : Joueur et combatif, le Chili peut survoler fièrement l'Amérique du Sud

Il y a toujours cette part de frustration avec le Chili. Face à l'Argentine, la Roja a encore joué un football d'une grande générosité, avec un pressing très haut, des latéraux résolument tournés vers l'offensive, des milieux actifs et créatifs, toujours désireux de jouer au sol. Elle a ajouté une remarquable organisation défensive pour neutraliser Lionel Messi, même si elle n'a pas toujours utilisé des moyens légaux. Comme trop souvent, il lui a manqué la finition. Mais, face à une Argentine dominée et guère plus réaliste, elle n'a pas eu à regretter cette lacune.

Débordant d'activité, brillant de justesse de jeu et plein d'abnégation dans la récupération, Charles Aranguiz a confirmé face à l'Argentine qu'il était bien le meilleur milieu de cette Copa America. Mauricio Isla a été omniprésent sur son côté droit. Arturo Vidal est monté en puissance après la pause, tandis qu'Alexis Sanchez est resté brouillon et Eduardo Vargas transparent. Côté argentin, le danger est surtout venu des Parisiens Javier Pastore et Ezequiel Lavezzi. Lionel Messi, bien pris, et Sergio Agüero, rarement touché, n'ont pas eu l'impact attendu.

Les choix de Gerardo Martino. Remplacer Agüero par Higuain n'a pas été une option payante, alors que son équipe était dominée et que le jeu de Tevez semblait davantage correspondre au scénario de la rencontre. Higuain a manqué une occasion en or au bout du temps additionnel, et précipité la chute de l'Albiceleste dans la séance de tirs au but en expédiant sa tentative bien au-dessus de la barre. Le dernier changement de Martino à la 81e, avec la sortie de Pastore, semblait aussi prématuré. D'autres Argentins semblaient plus émoussés à l'approche de la prolongation.

Le Chili était un maudit des finales en Copa America jusqu'ici. Il avait atteint ce stade de la compétition à quatre reprises (1955, 1956, 1979, 1987) sans jamais réussir à inscrire son nom au palmarès de l'épreuve. La cinquième, devant son public à Santiago, a été la bonne. Ça valait le coup d'attendre.

Oui. Sur l'ensemble du tournoi, le Chili a bien mérité son sacre. La formation de Jorge Sampaoli n'a jamais renié ses principes de jeu avec un football tourné vers l'attaque, même si le réalisme reste un mal récurrent chez elle. Elle a aussi fait preuve d'une grande discipline tactique pour neutraliser l'Argentine, notamment Lionel Messi, lors de cette finale. Dans l'engagement et la faculté à répéter les efforts, elle a aussi été au-dessus de l'Albiceleste. Le Chili a été l'équipe la plus complète, jusqu'au bout.

C'est une confirmation. Il ne faut pas oublier que la Roja était sortie d'un groupe très compliqué à la Coupe du monde l'été dernier avec l'Espagne, championne du monde et double championne d'Europe en titre, et les Pays-Bas, futurs demi-finalistes de l'épreuve. Elle avait brillamment battu les Espagnols en phase de poules (2-0) avant de subir une cruelle défaite face au Brésil, pays organisateur, en 8e de finale (1-1, 2-3 t.a.b.).

La barre de Mauricio Pinilla à la 119e minute de jeu dans cette rencontre n'est désormais plus qu'un mauvais souvenir. Le Chili n'est plus maudit en compétition internationale et ce premier sacre en Copa America, même acquis à domicile, doit lui faire prendre conscience de sa capacité à rivaliser avec les autres grandes nations du continent sud-américain, le Brésil et l'Argentine en tête. Un continent que le Chili représentera lors de la prochaine Coupe des Confédérations, pour la première fois de son histoire. C'est une juste récompense.